Effets
et conséquences
sur l'organisme humain
Il existe différents effets indésirables pouvant survenir, lors
d’un vol, sur le corps humain. Ces effets limitent les capacités du
pilote et donc les possibilités de vol. En voici les principaux, on
distingue :
- l’hypoxie
d’altitude,
- le
barotraumatisme,
- l’hyperventilation,
- les effets de
l’accélération,
- les problèmes de
perception et de vision,
- la
proprioception,
- les illusions sensorielles.
L'hypoxie d'altitude
L’être humain est obligé de consommer
l’oxygène de l’air.cet O² est transporté par l’hémoglobine,
contenue dans les globules rouges du sang. Si l’apport en O²
décroit, le taux d’oxygène amené aux tissus sera moindre voir
insuffisant : c’est ce qu’on appelle
l’hypoxie (une sorte d’asphyxie de notre organisme et des
tissus qui le composent entraînant ainsi une souffrance au niveau
des cellules et particulièrement de celles du
cerveau).
Ce
phénomène dépend de trois facteurs :
- une diminution de la
pression plus importante,
- la vitesse de cette
diminution,
- l’état santé du pilote.
Cela est d’autant plus compliqué que :
- L’organisme humain a la
faculté de retarder l’apparition des premiers troubles à cause de
systèmes compensateurs.
- Tous les individus n’ont
pas la même réaction à l’hypoxie.
- Du fait de sa faible
résistance au manque d’oxygène, le système nerveux est le plus
touché des organes.
- Très souvent les symptômes apparaissent de façon bénigne.
Altitude (en ft) | Signes cliniques |
---|---|
4500 | Début des
manifestations pour les individus atteints d'insuffisance respiratoire ou de pathologies cardiaques |
12000 | Maux de tête, fatigue |
18000 | Maux de tête,
somnolence, perturbations visuelles, troubles du comportement, perte de coordination |
22000 | Palpitations,
hyperventilation, collapsus, perte de conscience |
25000 | Convulsions, collapsus |
L’expression d’hypoxie évoque une intoxication alcoolique : le personnage adopte un comportement euphorique, son jugement est altéré sa mémoire fait défaut sa vision est perturbée. On remarque également une augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire.
Le barotraumatisme
Ce phénomène est provoqué lors d’une
baisse ou d’une hausse de pression. Il s’agit de l’expansion ou de
la compression des gaz qui se fait à différents niveaux dans les
cavités corporelles (l’oreille externe moyenne et interne, les
dents, le sinus, le tube digestif, les poumons) et pouvant
provoquer le déchirement de tissus. C’est pour cela qu’un pilote
ayant une otite, sinusite ou une carie dentaire avec abcès en
formation est interdit de vol.
L'hyperventilation
Sous l’effet de la peur, la respiration
s’accélère et fait baisser anormalement le taux de gaz carbonique
(le pilote est couvert de sueur). Quand ce n’est pas grave le
pilote peut ressentir des fourmillements au niveau des extrémités
(doigts et orteils) des étourdissements passagers ainsi que de la
nausée. Lorsque c’est plus grave, le rythme cardiaque du pilote
peut s’accélérer et des troubles de la vue apparaître, cela peut
même aller jusqu’à une perte de conscience.
Pour remédier à cet effet indésirable il faut contrôler sa
respiration. Il faut également savoir qu’avec l’expérience on peut
éviter l’hyperventilation.
Les effets de l'accélération
En avion, les facteurs d’accélérations
les plus difficiles à supporter sont ceux qui s’exercent
verticalement de bas en haut (vers le haut), on parle de G
négatifs ; ou verticalement de haut en bas (vers le bas), et
on parle alors de G positifs. Les G négatifs annulent voire
inversent l’accélération naturelle due à la pesanteur, le sang
afflue alors vers le cerveau alors que les G positifs augmentent la
sensation de pesanteur.
Dans le premier cas, le sang afflue vers le cerveau jusqu’à
provoquer le
« voile rouge »
(illusion due à l’afflux de
sang dans les yeux) et des lésions en fonction de l’intensité des G
encaissés. Dans le second, le sang quitte la partie supérieure du
corps (dont le cerveau) jusqu’à provoquer le
« voile noir » (cerveau insuffisamment irrigué) pour
affluer dans la partie basse du corps. Ce deuxième cas peut être
plus facilement supporté par un pilote de chasse équipé d’une tenue
anti-G qui comprimera automatiquement les membres inférieurs en
fonction de l’intensité de l’accélération subie. Cette tenue est
constituée de boudins gonflables. Il n’y a pas de solution pour
contrer les G négatifs.
Les
accélérations latérales ne sont pas à négliger car elles peuvent
provoquer des lésions au niveau des vertèbres cervicales
principalement, sachant que notre colonne vertébrale n’est pas
adaptée à supporter des déformations
horizontales
Les problèmes de perception et de vision
Le pilote doit passer son temps à
surveiller l’intérieur et l’extérieur de sa cabine. Ce changement
continu de point de vue implique une accommodation importante et
parfois une réadaptation à des luminosités différentes.
Il faut donc bien gérer ce changement : un coup d’œil à
l’extérieur toutes les 5 minutes ne peut suffire, une collision
peut se produire en l’espace d’un instant. De plus le temps accordé
à la surveillance extérieure décroit avec la charge de travail
interne.
Pour
réduire les risques d’accidents il faut
donc :
- Préparer soigneusement
son vol ;
- Un coup d’œil suffit
pour vérifier que tout se déroule correctement à bord
;
- Écouter la radio et
signaler son trajet si possible, respecter les horaires prévus
;
- Rendre visible son avion.
Lorsqu’on vole sans stabilité ; la vigilance doit être redoublée : ne pouvant pas nous référer à la vision périphérique (prise d’information inconsciente) on ne peut se fier qu’à ses instruments de bord (prise d’information consciente). Cela nécessite une attention constante.
La proprioception
Ce terme désigne le fait d’être capable
de « sentir » grâce à la synthèse de l’ensemble des
stimulations sensorielles les conditions de vol. Il s’agit d’un
ensemble d’actes réflexes acquis par l’expérience qui permettent
aux pilotes confirmés de compléter les informations données par les
instruments de vol. Cette qualité ne doit cependant pas remplacer
la connaissance du vol aux instruments car il est démontré qu’elle
induit fatalement en erreur un pilote qui se trouve en situation de
vol sans visibilité.
Les illusions sensorielles
Dans l’environnement aéronautique un
certain nombre d’illusions sensorielles classiques peuvent altérer
la perception de la situation réelle par le pilote et avoir des
conséquences tragiques. Ces illusions proviennent d’une mauvaise
interprétation de la cohérence entre les informations en provenance
du système visuel et du système auditif.
En
voici un exemple classique :
Par nuit
claire au-dessus d’une zone de lumières clairsemées (campagne ou
bateau sur un plan d’eau), l’erreur peut aller jusqu’à l’inversion
complète haut/bas : le ciel étoilé est confondu avec le sol. Cette
illusion est assez courante lors du premier virage après le
décollage chez les pilotes débutants en vol de nuit. Si elle n’est
pas surmontée, elle conduit au passage en vol dos et à l’accident.
En cas de doute, la bonne réaction consiste en général à vérifier
et à recouper les indications des instruments de bord qui sont
moins susceptibles d’erreur que nos sens.